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one psy in my pocket
9 septembre 2004

Voilà. C'était sûr, c'était certain, c'était

Voilà. C'était sûr, c'était certain, c'était évident et couru d'avance : je m'en veux.

Mon amie a lu ce que j'ai écrit hier soir, et comment aurait-elle pu l'éviter, je lui ai pratiquement forcé la main à le faire ;  elle est triste à présent et c'est à cause de moi, et je m'en veux. Non pas d'avoir ressenti ce qui m'est monté au coeur, ça ne se contrôle pas, mais de l'avoir dit, d'avoir blessé quelqu'un que j'aime pour une broutille sans intérêt - et blessé fortement, semble-t-il... Mais putain, où est donc le problème ?? Il est inévitable que les mots sortent, plus vite et plus vifs, douloureux et acerbes, lorsque j'ai face à moi des gens que j'aime, alors que je reste la plupart du temps murée dans un silence qui pleure au-dedans, s'il s'agit de gens qui mériteraient cent fois d'être remis à leur place, mon père au hasard... ou mon père encore... et même, parfois, aussi, mon père ... Ou sa saloperie de mère.

A-t-on une tendance naturelle à vouloir faire du mal quand on a mal soi-même, ou bien ai-je été particulièrement bénie des Dieux concernant ce mirifique défaut ? La solution sans équivoque serait probablement l'ermitage absolu, mais je sais que je n'y arriverais jamais, quelle que soit la beauté de la bibliothèque mise à ma disposition, dans laquelle on aura pris soin, merci d'avance, d'ôter Les Memoires d'Outre-Tombe, La Chartreuse de Parme et Proust ; quels que soient aussi les fruits sucrés et juteux qui pourraient me nourrir agréablement ET gracieusement  toute ma vie... Non. J'aime trop les gens que j'aime pour m'en séparer. Et La Palisse ne pourrait me renier en digne "fan" héréditaire, n'était ce petit "trop" qui me bousille la vie, et me fait bousiller celle des autres. "Trop" sensible, "trop" susceptible, "trop" acerbe, "trop" boule de nerf, "trop" irréfléchie, "trop" trop ...

A peine quelques jours de cela, une ordure sur pattes qui transpire sa médiocrité veule et vulgaire sur le salon de tchat où j'ai mes quartiers d'hiver a annoncé haut et fort (surtout fort...) qu'il avait lu mon blog, qu'il fallait que je m'y fasse, et "ah ah ah ah"... J'ai tué ce blog immédiatement ; ça fait mal d'être trahie, d'être lue en mots et lue en maux, par la méchanceté grossière la plus pure. Et je ne peux m'empêcher de penser que ma réaction d'hier soir, car je ne "fus" que réaction et sensation, est due en grande partie à ce sentiment de trahison totale né il y a plusieurs soirs. Réaction parfaitement démesurée ; et si ce précédent n'était pas survenu, j'aurais même peut-être eu un comportement normal assorti d'un : "Ca alors, euh ... Ben c'est gentil, merci ! J'espère qu'il n'attend pas trop de cette lecture, pasque bon ..."

Voilà ce que j'aurais dû dire, c'était cela, réagir normalement. Je suis désolée, vraiment désolée, des amalgames qui se font dans les délires de l'inconscient, car là, rien n'a à voir avec rien. Cela me rappelle un épisode que je n'oublierai jamais, tant je m'en veux de mes paroles (quand je disais, hier, que j'avais des milliers de regrets... ah, MissMarple ... ). C'était pour le Noël 1989. J'avais quinze ans. Ma cousine avait dû décider que j'étais devenue une femme, ou un machin approchant, et elle m'offrit pour cette occasion un magnifique caraco en dentelle et soie je-ne-sais-pas-quoi. Sublime. Je ne rentre plus dedans depuis...ouhhhhh ... mais il est rangé, quelque part, je n'arrive pas à le jeter... Et là, en ouvrant le paquet, j'ai dit l'une des pires horreurs de ma vie dans la catégorie "blessante" : "Ah ben tiens, c'est comme le truc de mon anniversaire, ça recommence ! " Cathy, je suis désolée, si tu savais comme je suis désolée ... Il faut dire qu'en février de la même année, ma mère a reçu l'équivalent d'un boomerang en acier trempé sur le coin du nez, à l'idée que fifille allait avoir quinze ans. Fête familiale largement excessive (mais putain, quel souvenir ! ) où fut conviée, comment faire autrement, la mère de mon père, "ma grand-mère saloperie". A cette époque, j'étais d'une pudeur terrible, à la limite de la pudibonderie de mauvais aloi ;  et ma grand-mère avait eu le bon goût de m'acheter un ensemble de sous-vêtements, affreux-moches soit dit en passant, que j'ai re-cachés très vite dans le paquet à l'instant X où j'ai compris ce que c'était, tout en tentant par un effort suprême de ma volonté d'ado teigneuse de cacher la rougeur qui montait aux joues. Et ma grand-mère : "Mais enfin, montre ! Montre à tout le monde ! T'as pas à avoir honte, t'es grande maintenant ! " Il a fallu que je sorte cette chose, ces choses plus précisément, du paquet et que je lève ça bien haut sous les acclamations d'un public rigolard... Souvenir ignoble... Et à Noël, voilà que ça recommençait ?? Non, bien-sûr. Là, c'était de la pure gentillesse, pour me faire plaisir, un très beau cadeau choisi avec goût. Et pourtant, le souvenir est venu, monté, monté si vite et si haut que je n'ai pu retenir l'acerbe de mes paroles blessantes, et paf...

L'Histoire est un éternel recommencement... Je l'ai dit ici même. Et effectivement, quinze ans après, ça recommence. Un souvenir me submerge et paf encore. Ca me semble difficile d'espérer changer, n'est-ce pas ...? Je suis "trop" conne.

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