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one psy in my pocket
10 septembre 2004

Ca va ? Oui, bien, merci, et toi ??

" Ca va ? "

Sincèrement, qui a déjà fait le compte du nombre fois où l'on entend cette phrase, dans une journée ...? Pas moi, en tout cas, mais je présume le chiffre impressionnant. Ne doit pas l'être moins, le pourcentage de gens qui s'en foutent, mais s'en foutent royalement, s'en foutent comme de leur première paire de chaussettes, de la réponse. Plus je m'aperçois du nombre de gens qui n'ont strictement rien à faire de moi, et c'est une prise de conscience qui augmente régulièrement -pas quotidiennement, mais pas bien loin- , plus j'ai tendance à répondre : "Oui !! bien-sûr, ça va toujours ! "

Ca va toujours ... Pffff ... Bien-sûr que non, ça va pas "toujours", comme absolument tout le monde, mais qui s'en soucie ?

Le problème, c'est que je me soucie, au vrai sens du verbe se soucier, de la réponse, lorsque je la pose. Et si je ne sens pas un "oui" franc et massif en réaction, alors je demande, j'interroge, j'essaie d'aider... d'écouter, du moins. Quelle prétention, d'avoir écrit "aider" ! Je ne manque pas d'air ! Mais au moins j'écoute, ça oui. Mais j'écoute quoi, finalement ...? Qui me parle...? Qui me trouve suffisamment intéressante ou capable de comprendre,  pour réellement me parler, pour approfondir, pour évoquer ses soucis, pour transférer ses angoisses, pour dévier sur d'autres sujets et se changer les idées en partant dans toutes les directions imaginables : arts, Histoire, politique, ETC ETC. Qui ??

Ben finalement, très peu de gens. "On" expose son problème du moment, c'est l'immédiateté du soulagement d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui s'intéresse à ce qu' "on" a à dire, "on" dit et "on" repart ; avec, le plus souvent, je dois le préciser, un "t'es adorable !! ". Et puis après ? Sorti de cela, sorti d'une oreille, ai-je un quelconque intérêt... "autre" ? J'ai le sentiment confus, ce soir, de faire un bilan plutôt négatif de mes relations avec les gens, comme l'entreprise au bord du dépôt... Si on s'intéresse peu à ce que j'ai à dire, si les gens ne me parlent que de loin en loin, c'est que j'apporte probablement médiocrement. Les gens intéressants, on les lâche pas, j'en sais quelque chose ! On souhaite plus que tout avoir un ptit ptit peu de cette moelle qu'ils portent en eux, avec l'espoir secret qu'ils soient contagieux : culture évidemment, forcément, indubitablement ; humour (oh oui, l'humour ! ) ; joie de vivre aussi ; gentillesse, attention, sincérité, confiance... Tout ce qui fait le charme des gens, leur intérêt, l'envie de poursuivre en profondeur ce qu'on découvre en surface...

Et merde, moi j'ai tellement l'impression de ne pas savoir m'échapper du "ça va ?" ; je n'ai pas suffisamment la culture et la répartie qui font sortir une discussion de la confidence brute, je n'ai pas la question pertinente qui poussera à d'autres confidences, je n'ai pas l'intuition de diriger un discours dans le bon "sens" ... Tout ça, ça donne des relations qui se lient et se délient au fil des soucis quotidiens, un ensemble vague de "Le petit chat est mort" comme le dit si bien Agnès ; ça donne des gens à qui je m'attache jusqu'à ce que je voie qu'on n'avait finalement à se dire que les ennuis du moment (mais ça, seul le temps peut le révéler...) ; ça donne des gens qui n'ont jamais cherché, et ne chercheront jamais à "me" creuser... Surface plane, ou presque... Je compte sur une seule main, et encore, deux doigts suffiront, les personnes ille et iste que j'aime et qui ont tenté le creusement en profondeur -et l'on accepté, je crois. D'autres peuvent me (mal)connaître et tomber sur ces lignes qui sont quelques creux rendus à l'air libre... Mais c'est le fruit du hasard, ce n'est pas une recherche de "moi" parce que j'aurais paru intéressante... C'est si difficile de valoir quelque chose...

Le Médiocre

J'aurais aimé être quelqu'un,

Mais, hélas, je ne suis personne.                                                                                                    (Ce poème me colle à la peau,

Je veux dire, je suis quelqu'un                                                                                                         c'en est affolant... )

Qui n'est remarqué de personne,

Puisque je suis une personne

Qui n'est jamais vue par quelqu'un.

Si une quelconque personne,

N'importe qui, enfin quelqu'un,

Avait pu m'aider en personne,

Je crois que je serais quelqu'un.

Hélas, je n'ai trouvé personne

Qui m'aide à devenir quelqu'un !

                       Jacques Charpentreau

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