Petites bassesses pour grands énervements 25 août
25 août 2004, 17:16 [murielle_m]
La bassesse est un concept qui ne cessera jamais de me surprendre. Bassesse de lexécutant, méchanceté froide autant que lâcheté ; mais bassesse également du complice, qui duplique lodieux sans avoir eu l "intelligence" de limaginer, en passant par la collaboration. Non. Je nentends pas par là une allusion aux pages "noires" (et ça ? cet euphémisme gentillet, ça nest pas une lâcheté du langage journalistico-historien, que de ne pas regarder lHistoire en face ? ) des années 40 ; je veux dire ici collaborer dans son sens commun, participer à, coopérer. Le rire dune foule spectatrice ou auditrice provoqué par lhumiliation dégradante dune mauvaise blague de la veulerie ordinaire, par exemple, participe de cette humiliation : il y contribue, il renforce, il ... collabore. Lâcheté facile de celui qui rit, ou se tait, plutôt que de sopposer...
Je ne suis pas bien fort instruite en psychologie simiesque, et pourtant je devrais. En effet, pas une semaine ne passe sans que chacun ne soit confronté à supporter la tracasserie de la bassesse qui, si elle ne connaît pas de limite, sait du moins à quel point elle peut imposer la médiocrité de son pouvoir par la nécessité terrible où lon se trouve lorsquon devient demandeur. Pour nêtre pas imposable, il faudrait nêtre jamais demandeur. Cest une constatation in-to-lé-ra-ble aux âmes bien nées ! Dès quun homme du vulgus se met à requérir auprès dun autre homme, tout aussi vulgus (voire pire ! ), se crée dans limmédiat une relation dominant-dominé qui piétine allègrement des siècles de conventions sur légalité entre tous. Cest incroyable, non ??
Un exemple édifiant mest tombé sur le coin du nez, ce matin-même. Une erreur (humaine ? informatique ? Je ne le saurai jamais... Mais je garde secrètement à lesprit, néanmoins, quun ordinateur nest que ce quun humain en fait...) ma conduit à recevoir deux courriers différents mintimant lordre -impérieux, cela va de soi- de me présenter le jour de la rentrée scolaire dans deux établissements distincts. Je me rends au Rectorat, avec lidée saugrenue que nous sommes mercredi, jour de visite officiellement accepté des demandeurs-de-rectification-des-conneries-qui-font-tourner-en-rond, et que ce léger problème sera réglé en un clic et demi sur un ordinateur compatissant. A laccueil, un Cerbère à tête (sans s : il nen avait quune et elle semblait bien difficile à porter) de noeud emplie dun cerveau de brontosaure défraîchi, au regard insociable et dédaigneux. Même au plus imbécile perroquet, un patient dressage permet de faire nasiller un "bonjour" criard ; à lui, non.
"Bonjour, monsieur. Pourriez-vous mindiquer le bureau des TZR de Lettres Modernes, sil vous plaît ?
- Ils reçoivent plus dans les bureaux à partir daujourdhui, dit-il dune voix de basset sans pedigree. Vous navez quà remplir ça, si vous voulez !
- Mais... Cest mercredi, je pensais que le mercredi...
- Mais cest écrit, là, quon reçoit plus ! Si vous aviez lu (car bien-sûr tout un chacun peut lire une page entière de conneries photocopiées en 2 secondes 41 dixièmes...), cest écrit, LA !
- Mais comment je fais pour savoir où me présenter à la rentrée, moi ? Jaurai jamais reçu une réponse avant !!, ajoutai-je pour continuer brillamment ce dialogue danthologie.
- Quest-ce que vous voulez que je vous dise ? Suivant !"
Et me voilà rembarrée dans les tréfonds de mes questions sans réponses, parce quun aboyeur de bas-étage a considéré comme fort jouissif dutiliser à plein les prérogatives de son petit bureau moche, et surtout, du vigile à gros bras posté à cinquante centimètres de sa chaise.
Grrrrrrrrrrrrrrrr !
Jai donc rempli avec soin le verso de la photocopie "plaignez-vous à Dieu, Saint Pierre transmettra", mais jai cru bon dajouter un encart sur le recto, face à lignominieuse ligne En raison dun surcroît de travail, blablablablablabla : "il est facile déchapper à la responsabilité de ses erreurs, lorsquon refuse de recevoir les gens" ! Il ne métonnerait quà moitié, à présent, un autre médiocre en mal dévénements jouissifs, à linstar de mon Cerbère, use de son influence vengeresse pour me foutre une inspection au cul dans lannée. On verra. Nonobstant, je ne regrette pas davoir dit ce que je pensais.