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one psy in my pocket
6 septembre 2004

Petites bassesses pour grands énervements 25 août

Petites bassesses pour grands énervements

25 août 2004, 17:16 [murielle_m]

La bassesse est un concept qui ne cessera jamais de me surprendre. Bassesse de l’exécutant, méchanceté froide autant que lâcheté ; mais bassesse également du complice, qui duplique l’odieux sans avoir eu l’ "intelligence" de l’imaginer, en passant par la collaboration. Non. Je n’entends pas par là une allusion aux pages "noires" (et ça ? cet euphémisme gentillet, ça n’est pas une lâcheté du langage journalistico-historien, que de ne pas regarder l’Histoire en face ? ) des années 40 ; je veux dire ici collaborer dans son sens commun, participer à, coopérer. Le rire d’une foule spectatrice ou auditrice provoqué par l’humiliation dégradante d’une mauvaise blague de la veulerie ordinaire, par exemple, participe de cette humiliation : il y contribue, il renforce, il ... collabore. Lâcheté facile de celui qui rit, ou se tait, plutôt que de s’opposer...

Je ne suis pas bien fort instruite en psychologie simiesque, et pourtant je devrais. En effet, pas une semaine ne passe sans que chacun ne soit confronté à supporter la tracasserie de la bassesse qui, si elle ne connaît pas de limite, sait du moins à quel point elle peut imposer la médiocrité de son pouvoir par la nécessité terrible où l’on se trouve lorsqu’on devient demandeur. Pour n’être pas imposable, il faudrait n’être jamais demandeur. C’est une constatation in-to-lé-ra-ble aux âmes bien nées ! Dès qu’un homme du vulgus se met à requérir auprès d’un autre homme, tout aussi vulgus (voire pire ! ), se crée dans l’immédiat une relation dominant-dominé qui piétine allègrement des siècles de conventions sur l’égalité entre tous. C’est incroyable, non ??

Un exemple édifiant m’est tombé sur le coin du nez, ce matin-même. Une erreur (humaine ? informatique ? Je ne le saurai jamais... Mais je garde secrètement à l’esprit, néanmoins, qu’un ordinateur n’est que ce qu’un humain en fait...) m’a conduit à recevoir deux courriers différents m’intimant l’ordre -impérieux, cela va de soi- de me présenter le jour de la rentrée scolaire dans deux établissements distincts. Je me rends au Rectorat, avec l’idée saugrenue que nous sommes mercredi, jour de visite officiellement accepté des demandeurs-de-rectification-des-conneries-qui-font-tourner-en-rond, et que ce léger problème sera réglé en un clic et demi sur un ordinateur compatissant. A l’accueil, un Cerbère à tête (sans s : il n’en avait qu’une et elle semblait bien difficile à porter) de noeud emplie d’un cerveau de brontosaure défraîchi, au regard insociable et dédaigneux. Même au plus imbécile perroquet, un patient dressage permet de faire nasiller un "bonjour" criard ; à lui, non.

"Bonjour, monsieur. Pourriez-vous m’indiquer le bureau des TZR de Lettres Modernes, s’il vous plaît ?

- Ils reçoivent plus dans les bureaux à partir d’aujourd’hui, dit-il d’une voix de basset sans pedigree. Vous n’avez qu’à remplir ça, si vous voulez !

- Mais... C’est mercredi, je pensais que le mercredi...

- Mais c’est écrit, là, qu’on reçoit plus ! Si vous aviez lu (car bien-sûr tout un chacun peut lire une page entière de conneries photocopiées en 2 secondes 41 dixièmes...), c’est écrit, LA !

- Mais comment je fais pour savoir où me présenter à la rentrée, moi ? J’aurai jamais reçu une réponse avant !!, ajoutai-je pour continuer brillamment ce dialogue d’anthologie.

- Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Suivant !"

Et me voilà rembarrée dans les tréfonds de mes questions sans réponses, parce qu’un aboyeur de bas-étage a considéré comme fort jouissif d’utiliser à plein les prérogatives de son petit bureau moche, et surtout, du vigile à gros bras posté à cinquante centimètres de sa chaise.

Grrrrrrrrrrrrrrrr !

J’ai donc rempli avec soin le verso de la photocopie "plaignez-vous à Dieu, Saint Pierre transmettra", mais j’ai cru bon d’ajouter un encart sur le recto, face à l’ignominieuse ligne En raison d’un surcroît de travail, blablablablablabla : "il est facile d’échapper à la responsabilité de ses erreurs, lorsqu’on refuse de recevoir les gens" ! Il ne m’étonnerait qu’à moitié, à présent, un autre médiocre en mal d’événements jouissifs, à l’instar de mon Cerbère, use de son influence vengeresse pour me foutre une inspection au cul dans l’année. On verra. Nonobstant, je ne regrette pas d’avoir dit ce que je pensais.

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