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one psy in my pocket
6 septembre 2004

5 sept. 2004, 11:35 [murielle_m] Les filles

5 sept. 2004, 11:35 [murielle_m]

Les filles seules
Elles habitent avec des copines, les filles seules
Parlent des plats qu'elles se cuisinent, elles s'engueulent
À propos de choses anodines qui les agacent
Elles dorment avec des pyjamas très confortables
Elles ont l'horaire du cinéma dans un cartable
Où elles se font aussi des listes interminables
Les filles seules
Elles rêvent pourtant d'aventures et de voyages
De promenades sans chaussures le long d'une plage
Mais dans le fond d'une cabine d'essayage
Un ventre rond sous un maillot les décourage
Elles passeront juillet dans leur deuxième étage
Elles n'ont pas toujours l'air plus jeune que leur âge
Les filles seules
Elles ont de l'humour à revendre et elles rigolent
Y a même des jours où on s'demande si elles sont folles
Elles ont des drôles d'habitudes de vieilles filles
Elles exagèrent un peu chaque fois qu'elles s'maquillent
Se trouvent de nouveaux défauts, de nouvelles rides
Tellement les pauvres filles seules s'examinent
Elles magasinent
Les jeudis, vendredis, samedis soir, elles décident
Du prochain film qu'elles iront voir, elles s'obstinent
Contre celle qui connaît l'histoire et qui la raconte
Et pendant ce temps-là, elles ne se rendent plus compte
Qu'elles se sentent seules jusqu'au bout des ongles
Et que cette maudite solitude leur fait honte
Les filles seules
Elles rêvent pourtant d'aventures et de voyages
De caresses et d'amour et même de mariage
Mais pour les hommes, elles sont plutôt difficiles
Les filles seules ont fini de croire aux idylles
L'amour qu'elles veulent court pas toujours les rues de leur ville
On peut bien les entendre dire que c'est une chance
Que pour les enfants, elles n'auraient pas la patience
Dès qu'elles ont un pied dans le parc, il faut les voir
Pendant des heures, faire danser les balançoires
Et revenir la larme à l'œil et le cœur triste
Malgré les airs déterminés, elle se trahissent
Les filles seules sont souvent les plus romantiques
Les filles seules
Elles habitent avec des copines
Les filles seules
Parlent des plats qu'elles se cuisinent
Elles conservent
Scellé avec de la paraffine
Un cœur de rêve

Lynda Lemay, Les filles seules


Evidemment ... Ca tape fort et ça tape juste. Et je n'ai pas eu cette chanson un tiers d'instant à l'esprit, quand, il y a deux soirs, je suis allée gaiement m'inscrire pour une carte de cinéma "accès illimité". Ce matin, j'y pense et pense encore et encore... C'est pas facile d'accepter de devenir une caricature de chanson.

Je me revois, dans la cuisine chez mes parents, un dimanche après-midi ; peut-être l'hiver dernier, je ne sais plus, mais ça n'est pas si "vieux". Mon père me demandait une fois DE PLUS (heureusement, cet affreux rituel quasi hebdomadaire a cessé) quand il allait être grand-père, ou plus précisément, quand j'allais "m'y mettre" pour le rendre grand-père. Aura-t-il jamais conscience du mal que cette question a pu me faire, à quel point elle est humiliante ? Je ne crois pas, mais bon, c'est une autre histoire... Je ne me souviens plus précisément de tout ce qui a été dit, mais lors de cette, hum, conversation -mise en accusation me paraît plus juste, mais c'est moins impartial- ma mère m'a dit que j'étais trop exigeante. Enfin ! elle a glissé, hop à l'intérieur d'une petite phrase, l'air de ne pas y toucher, ce qu'elle pensait vraiment... Imagine-t-elle réellement qu'il me suffit d'ouvrir la porte pour me retrouver face à une douzaine d'Apollon, beaux, grands, sveltes, intelligents cela va de soi, bruns ou blonds, imberbes ou poilus, mais de toute façon, excellents reproducteurs et de toute façon à mes pieds et poings liés...? Non, quand j'ouvre la porte, je suis nez-à-nez avec les pots de peinture de mon voisin-con-qui-me-fait-profiter-de-tous-les-matchs-de-foot-qui-passent-à-la-télé-tellement-il-hurle-à-chaque-but-marqué. Voilà.

Mais que sait-elle de la solitude ? Mariée à vingt ans, deux enfants, une routine imperturbable, comment pourrait-elle comprendre ? Elle a enfoncé le clou quand j'ai annoncé que j'aimerais avoir une ptite bestiole chez moi, un chiot, un chaton : "T'es au courant que si tu prends un chien, t'en prends pour 12 ans au moins??? " Que répondre à cela ? Je n'arriverai jamais à dire ce sentiment d'abandon, quand je rentre, que je referme la porte ; même après une soirée remplie de rires entre amis, même après une folle sortie, quand je suis chez moi, je suis seule... Seule... Pas de mari, pas d'enfant, pas de chien... Les jours de grand ménage, même pas une araignée sur qui jeter un regard d'effroi haineux. Au moment de faire les courses, l'envie de faire un petit salé aux lentilles ou un veau Marengo est réprimée en une seconde... Un petit salé ? Mais pour qui, bon sang ? Pour moi ? Toute seule ? Ca y est, je n'en ai plus envie : un steack -carottes rapées, ça ira très bien... Non, pas de frites, je vais pas sortir la friteuse pour UNE ou deux patates à frire...!

L'unique personne qui comprenne cela, c'est ma cousine ; un jour, elle m'a dit que, dans les moments qui suivirent son emménagement à Paris, toute jeune provinciale fraîchement débarquée pour trouver du travail, elle s'était fait la réflexion, au fond de sa chambre de bonne au sixième étage, qu'une fois chez elle après le travail, elle n'avait PLUS à ouvrir la bouche, elle n'avait plus à émettre le moindre son jusqu'au lendemain matin, reprise du travail ... Aujourd'hui, je sais, Cathy, à quel point tu as raison : chez moi, le silence de l'humanité est total... Au loin, des moteurs de voitures, des portières qui claquent, parfois un aboiement, mais aucune voix humaine... Silence... Et ça me ronge ...

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