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one psy in my pocket
6 septembre 2004

lettre ouverte à monsieur Eric-Emmanuel Schmitt

lettre ouverte à monsieur Eric-Emmanuel Schmitt

samedi 8 juillet 2004

Monsieur Schmitt,

Jour de vacances banal ; je viens de finir votre oeuvre La Part de l'autre (oui, je sais, je sais... j'ai mis le temps), et je couche vite vite sur le papier (un peu d'indulgence, plizzzz... je ne suis pas écrivain, moi ) mes impressions, cette envie de vous répondre, et je recopierai tout cela en rentrant chez moi : je viens de m'apercevoir que vous avez un e-mail. Céti-pas-beau, la technique, quand même ?!

J'ai envie de vous dire que je suis bouleversée par votre livre, mais on a dû vous l'aboyer cent fois...J'aurais déjà voulu vous le chuinter -oui, je perds facilement mes mots quand je suis émue- au salon du livre 2003, lorsque je vous ai aperçu dans votre petit stand... Juste avant de voir la file d'admirateurs-en-admiration-non-contenue qui, j'en suis sûre, vous déclaraient "amour & fidélité à jamais" (joli titre, pour une sitcom TF1, non ? )... Et juste après avoir survécu, c'est le mot, à 1.45h d'attente pour qu'une copine fasse dédicacer son dernier "Amélie Nothomb". Tiens, vous qui avez à ce point le désir d'écrire sur l'amitié, vous voyez à quoi ça mène, un ami ?? A Amélie Nothomb... Sans commentaire, tiens ...! Et je n'ai pas eu le courage de recommencer 2h de file d'attente ; admiration mais pas fanatisme, c'est déjà ça. On se console comme on peut, na !

N'empêche... J'aurais aimé vous glisser, entre deux, que Le Visiteur est, jusqu'à présent, la seule oeuvre qui aurait pu bouleverser mes non-convictions religieuses, si je n'avais pas été à ce point une teigneuse-un-poil-trop-rationnelle. Je présume que dire cela "ainsi" est déjà, en soi, une sorte de foi, pas dogmatique, mais peut-être une espérance... On arrive toujours à interpréter les mots comme ça nous arrange... Cependant, j'en doute : je crois trop en la petitesse de l'Homme pour CROIRE que tout cela peut "bien" finir, ne serait-ce qu'après la mort. Si l'Homme n'est que choix, il a tellement (toujours ...? ) fait le mauvais, que même les Anciens n'ont pu lutter et on fait comprendre que "mince, c'est pas prêt d'finir"... Pandore et la "golden maudite" (merci Desproges)... J'ai du mal à y trouver les "quelques grammes de douceur dans un monde de brute", comme on dit en langage chocolatier...

Sans Hitler, peut-être pas de Seconde Guerre mondiale... Probablement pas de génocide juif, de cette ampleur du moins ; cependant, Dreyfus ou les pogroms n'ont pas attendu après Hitler... Il y a toujours eu des hommes qui savaient user de ces ficelles que vous décrivez clairement, sur l'art d'hypnotiser, d'haranguer, d'amadouer les foules. Il y en aura toujours. Regardez un Le Pen... Alors comment être optimiste sur la, hum, "bonté" humaine ...?

Enfin, bref, passons. J'aime votre invitation à la tolérance qui cherche systématiquement à s'opposer au bien-pensant et au bien-pensé ; cela m'émeut. Ne doutez pas de votre talent ou de votre capacité à être compris. Cette lecture déboule dans ma vie, accompagnée de deux chansons qui me trottent dans la tête, Quelqu'un de bien d'Enzo Enzo et Puisque tu pars de Goldman : "Rêver nos désirs et vivre des ainsi soit-il". Oui, bon, je sais : c'est pas le Rienzi de Wagner... Je n'ai pas de prétentions ... Votre roman me fait du bien. Cette part de votre "autre" est une pierre blanche dans mon jardin. Merci.

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